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Le combat d'un homme...

Jean-Louis MESTRE, fondateur de l'Association "Au pays d'en Haut" le 28 juillet 1998, pour l'enfouissement de la ligne Haute Tension Verfeil-Buzet, nous a quitté le 28 septembre 2010,  au moment même où les travaux d'enfouissement de cette ligne sont devenus effectifs, aboutissement de son combat mené de 1998 à 2008. Notre campagne ne sera pas défigurée grâce à la lutte qu'il a menée sans relâche pendant 10 ans. 

Jean-Louis a perçu très tôt les richesses de notre campagne où la nature ordinaire mérite d’être prise en compte. C'est de ce constat que lui est venue l’idée de notre association.

Jean-Louis était un bâtisseur, toujours en recherche d'harmonie dans le respect des autres et de son environnement. Il a écrit, pour illustrer sa pensée :

« Le paysage est le reflet d'un art de vivre et le maintien d'un équilibre paysager permet d'offrir un cadre de vie harmonieux favorisant les échanges et l'intégration ».

Nous lui devons un paysage préservé, une vie associative engagée, une formidable aventure humaine autour de ses cheminements et une belle leçon d’engagement collectif: « Il n’y a pas de fatalité ! L’histoire, même petite, ne s’écrit pas à l’avance ; elle s’écrit au jour le jour… »

En conclusion du « Manifeste pour l’enfouissement de la ligne Haute Tension Verfeil Buzet » qu’il avait rédigé en 2002, il a tracé la ligne qui nous guide aujourd’hui : « chacun à sa place, doit jouer sa partie dans le combat pour l’environnement ».

Jean-Louis était un militant hors norme, un personnage entier dans sa relation aux autres et d’une humanité remarquable. Sa disparition restera à jamais une blessure dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu.

Cet hommage s’adresse également à sa femme, Jo, qui a partagé ses 10 ans de lutte.


Les membres de l’association


Un combat de 10 ans...

20/10/1997, le début d'une longue lutte...

Ce jour-là, un courrier arrive chez un propriétaire : "...( EDF) a pris la décision d'implanter une nouvelle ligne 60KW qui passera sur un de vos terrains...".
Dans les jours qui suivent, une douzaine de propriétaires concernés sont informés du projet de LHT et les premiers courriers collectifs sont envoyés aux préfectures, aux conseils généraux et à tous les élus du secteur (députés, sénateurs, conseillers généraux, conseillers régionaux...).
Cette première mobilisation nous permet d'imposer à EDF une première rencontre le 19 novembre 1997 à la mairie de St Sulpice. Lors de cette réunion, nous mettons en avant l'intérêt paysager de la "zone verte" qu'EDF se prépare à défigurer et recevons le premier soutien : la municipalité de St Sulpice souligne que "cette partie de la commune présente un intérêt indéniable pour le tourisme vert". De notre côté, refusant de poursuivre le jeu "pas-chez-moi, chez-le-voisin" nous concluons en proposant une solution : le passage en souterrain de cette ligne pour préserver le site. La demande est lancée, elle deviendra exigence... pour finir en évidence!

Printemps 1999, enquête d'utilité publique

Au printemps 99, les Préfectures de Hte-Garonne et du Tarn lancent l'Enquête d'Utilité Publique devant permettre la construction aérienne de la LHT. Aussitôt la mobilisation reprend et s’élargit avec l'engagement des municipalités de St-Sulpice , Azas et Lugan au côté de l'association « Au Pays d’En Haut » qui coordonne les réunions publiques à Azas et St Sulpice, mobillisant ainsi bien au-delà.
Débats, pétitions, signatures de registre, soutien d’Elus et le 21 avril, premier rassemblement à St Sulpice pour la remise solennelle des pétitions en mairie...
Une nouvelle fois la mobilisation va porter ses fruits : malgré l’avis favorable du Commissaire Enquêteur, le Préfet du Tarn refuse de signer la D.U.P. (déclaration d’utilité publique). Le dossier L.H.T. est alors renvoyé au Ministère de l’Industrie où il y sommeillera pendant deux ans.

2001, mobilisation élargie et structurée

Comment répondre à un tel entêtement de RTE (filiale de EDF créée en 2000, en charge de la construction du réseau HT) et de son administration de tutelle (l'Industrie) ? L'association "Au PAYS d'en HAUT", toujours vigilante, se lance sitôt informée, dans la diffusion de l'information et dans des propositions de contre-attaque impliquant l'ensemble des communes concernées de Verfeil à Buzet, en passant par St-Agnan, Garrigues, Lugan, Azas et St-Sulpice. Quelques réunions plus loin, qui vont voir propriétaires, riverains et élus locaux se mobiliser, va être créé le "C.I.E.L." (Collectif Intercommunal pour l'Enfouissement de la Ligne) regroupant autour du Président de "Au PAYS d'en HAUT" les Maires des 7 communes et le Président de la communauté de communes. Cette structure se révèlera précieuse pour maintenir solidarité et détermination au sein des opposants à la LHT en aérien. L'association, de son côté, va retrouver un second souffle avec l'arrivée de nouveaux adhérents.
Des courriers inondent à nouveau les ministres, députés, sénateurs, conseillers régionaux et généraux, maires et associations... en réponse nous recevons des soutiens, dont des soutiens politiques indispensables. Parallèlement, afin de n'écarter aucun moyen d'action, l'association va déposer un recours en annulation (de l'arrêté) auprès du tribunal administratif. Mais c'est sur le terrain que la mobilisation va prendre sa véritable ampleur : campagnes d'affichage, manifestations, intervention dans la presse...

Dès juillet est lancée une campagne d'affichage demandant l'enfouissement de la LHT et aux principaux carrefours de grands panneaux imagés rappellent notre exigence. Le C.I.E.L., tout juste créé, invite les médias à une conférence de presse où il présente ses membres et son objectif. Le 16 septembre, une manifestation "tractorisée" relie St Sulpice au poste de transformation EDF de Buzet où est enterré un pylône-modèle-réduit, un premier symbole déjà ! Et le 25 novembre, les membres du C.I.E.L. au grand complet, prennent la bêche pour planter 18 érables champêtres à l'emplacement de futurs pylônes, chaque arbre étant parrainé par un grand-élu européen, national, régional ou départemental. Un signe fort d'ancrage de notre lutte tant dans le terroir que dans la classe politique !

2005, l'engagement décisif des élus !

Dans l'été 2004 une coupure d'électricité au poste de Buzet va donner l'occasion à RTE de souligner dans la presse l'urgence de la construction de la ligne. Les Maires du collectif C.I.E.L. vont lui répondre par une lettre collective en rappelant à l'entreprise que eux aussi attendent le renforcement du réseau mais par une ligne... enfouie ! RTE ne peut que faire le constat : la résistance collective ne se dément pas.
Mais la pression ne va pas cesser pour autant. Dès le début d'année 2005, RTE entame avec l'aide de la Préfecture une série de rencontres avec les maires concernés par la LHT. Par ces réunions ciblées vers les élus, l'entreprise et la préfecture essaient de diviser le collectif C.I.E.L. : d'un côté les "responsables" élus, de l'autre les "irresponsables" propriétaires et associatifs !

Cette tentative sera sur le point de réussir lorsque RTE propose aux élus de visionner l'impact de la LHT par une insertion virtuelle dans le paysage... Cette dernière réunion n'aura jamais lieu. A l'initiative de l'association, une réunion d'urgence de toutes les composantes du C.I.E.L. va se tenir et il y sera décidé de préparer une manifestation pour contrer ces offensives de EDF/RTE. Une action pour enfoncer encore une fois le message : notre détermination et notre solidarité pour exiger l'enfouissement de la future ligne !
Le résultat sera à la hauteur de nos espérances. Le 22 mai 2005, point d'orgue de notre mobilisation, propriétaires en tracteurs et élus ceints de leur écharpe, convergent vers St Sulpice. Ils y rejoignent les représentants du Président de Région et des Présidents des Conseils Généraux du Tarn et Hte-Garonne, pour signer solennellement le "MANIFESTE du 22 MAI", engagement collectif à exiger jusqu'au bout l'enfouissement de la ligne.

28/07/1998, création de l'association

Refroidie par cette première résistance, EDF avance lentement sur ce dossier au cours de l'année 98, tout en essayant d'obtenir quelques accords de propriétaires et maires.
Conscients que la lutte reprendra tôt ou tard et mettant à profit cet intermède, nous créons une association qui nous permettra de conduire et orienter cette lutte bien mieux que nous ne pourrions le faire chacun isolé dans notre campagne. C'est ainsi qu'en juillet 1998, va naître "AU PAYS D'EN HAUT".
La force de cette association est dans son objectif : "Mettre en valeur une campagne vivante, respectée et partagée". Non une association "d'anti" ou de "contre" se limitant à regrouper des opposants, mais une association créant une dynamique autour d'une valeur commune - notre paysage - et permettant ainsi d'attirer dans son combat des énergies multiples, tant individuelles qu'associatives et politiques.

28/03/2001, arrêté ministériel autorisant la ligne à haute tension aérienne

A l'issue de cette longue réflexion (!) et passant outre au refus du Préfet du Tarn, Les Ministres de l'Industrie et de l'Equipement signent l'arrêté ministériel autorisant la construction de la ligne haute tension aérienne Verfeil / St Sulpice / Buzet. Pour "Au PAYS d'en HAUT", c'est une nouvelle (et dernière) étape qui commence, dans la continuité de sa stratégie de départ : mobiliser toujours plus large, toujours plus fort, toujours plus déterminé.

2002-2003, edf & rte tentent des avancées...en vain !

Fort du soutien ministériel, RTE se lance au printemps 2002 dans des tentatives pour obtenir la signature de propriétaires autorisant le passage de la LHT sur leurs terres. Des "démarcheurs" sont envoyés sur le terrain à la rencontre de plusieurs agriculteurs et là... surprise, à chaque fois c'est un "comité d'accueil" qui les reçoit, un comité d'opposants bien déterminés à rappeler leur exigence. Après plusieurs tentatives infructueuses et impressionnée par cette résistance collective, RTE va cesser pour un temps d'importuner les propriétaires.
De son côté le C.I.E.L. va accentuer la pression sur l'entreprise par une nouvelle campagne d'affichage sur le thème "RTE et ses techniques archaïques", soulignant ainsi les contradictions de cette filiale d'EDF qui communique dans ses encarts publicitaires sur le respect de la nature.

Au cours de l'année 2003, certains agriculteurs vont subir à nouveau quelques pressions ou intimidations de la part de RTE (visites, intrusion sur les propriétés...). La réponse ne tardera pas : 38 propriétaires (la quasi totalité !) adhèrent au collectif C.I.E.L. et prennent l'engagement public d'interdire l'accès de leur propriété à RTE.
De son côté, l'association "Au PAYS d'en HAUT" travaille à une nouvelle manifestation, chargée encore une fois de symbole : détourner le tracé de la LHT pour en faire un sentier militant pour la sauvegarde de notre paysage. Quelques semaines de repérages, de défrichages et de balisages seront nécessaires avant l'inauguration de "La MÉRIDIENNE du PAYS d'en HAUT" le 14 septembre 2003. Ce jour-là, associatifs, élus et propriétaires, accompagnés d'une foule de sympathisants, vont étrenner ce sentier intercommunal balisé par des panneaux - " Un sentier, oui ; une ligne haute tension, non !" - ...quelques discours, grillades et danses clôtureront cette journée festive et militante.

...dernière ligne droite !

Un tournant, ce 22 mai, avec toutes les forces politiques de la région venues soutenir notre combat entamé depuis plusieurs années ! Au soir de cette manifestation il semblait déjà improbable que EDF/RTE puisse reprendre son antienne sur la construction en aérien. Ne restait plus qu'à en tirer les conclusions.
C'est ce que fera l'association en publiant en 2006 sa "Feuille de printemps" titrant : "DERNIERE LIGNE DROITE AVANT L'ENFOUISSEMENT"et développant un dossier argumenté "Pourquoi la LHT Verfeil / Buzet sera enfouie" : la solution idéale - une résistance inébranlable - l'emploi de la force publique impossible - une porte de sortie pour RTE - la clé politique...


10/01/2008, c'est gagné !!!!

Après une très longue et très lente maturation/réflexion la décision finale allait enfin être connue. Ce 10 janvier, La Préfecture de Région convie les maires concernés à une rencontre avec RTE qui leur annonce, à leur plus grande stupéfaction, que la LHT Verfeil / Buzet va être construite EN SOUTERRAIN ! ! ! ! ! ! C'EST GAGNE ! ! ! ! ! la nouvelle va se propager à la vitesse de la technologie numérique !
Courant 2008, RTE et la Préfecture vont inviter maires et association à des réunions pour leur présenter le projet final : la construction d'un seul circuit 63kV en souterrain suivant un tracé le plus direct possible entre les postes de Verfeil et Buzet, la mise en service étant prévue pour 2010.
Ouf ! Ce paysage de campagne que nous défendons depuis si longtemps, est sauvegardé et c'est le résultat d'une détermination portée par une solidarité sans faille entre associatifs, propriétaires et élus. Et si demain, cet engagement collectif renaissait au service du développement maitrisé de cette campagne, dans le respect de ses paysages ?

Forte de cette victoire collective et paysagère, "Au PAYS d'en HAUT" va se tourner vers d'autres priorités, toujours en conformité avec son objectif fondamental : faire vivre notre campagne en la respectant et en la partageant.